Accéder à internet grâce aux déjections canines, transformer des mégots de cigarettes en palettes industrielles, digérer les plastiques avec des champignons, les innovations pour faire face à nos déchets ne manquent pas.
Description
La quantité de nos déchets urbains explose. Certes, la part de recyclage progresse, mais une quantité importante de nos résidus, en particulier les matières plastiques, sont au mieux brûlés pour fournir de l’énergie, au pire entassés dans des décharges. Mais ce ne sont pas les idées originales qui manquent pour transformer ces déchets en ressources. Au Mexique, les crottes de chiens permettent d’accéder à internet; l’entreprise américaine TerraCycle « transcycle » les mégots de cigarettes en palettes industrielles. Et des chercheurs ont identifiés des champignons qui digèrent le plastique.
Transformer les crottes de chiens en minutes d’accès à internet1
Au Mexique, afin d’encourager les propriétaires à ramasser les déjections de leur chien, la compagnie d’accès internet Terra a mis en place dans dix parcs publics un système qui permet de déposer dans un sachet les crottes de chiens, et d’obtenir en échange des minutes d’accès à internet. Le propriétaire dépose le sachet dans un réceptacle, la quantité est pesée, ce qui donne droit à une quantité proportionnelle de minutes de libre accès à internet pour l’ensemble des personnes présentes dans le parc. Il existe certes un risque que les personnes abusent du système en y déposant d’autres matériaux, mais le dispositif a avant tout un intérêt pédagogique pour inciter les gens à plus de responsabilité. Dans le même registre, mais plus ambitieux, la mairie de San Francisco a mis en place un système de récupération des déchets canins qui sont transformés en biogaz.2
http://www.youtube.com/watch?v=6dB7S5ik51A&feature=player_embedded
Créer des palettes industrielles à partir de mégots de cigarettes
Une entreprise américaine, TerraCycle, fait le pari de transformer nos déchets, même les plus inattendus, en ressources. Le principe est simple: les déchets en tous genres (fournitures de bureau, produits cosmétiques, médicaments, mégots de cigarettes…) sont collectés par des « brigades » de collecte créées sur une base bénévole. Les déchets sont envoyés à l’entreprise qui les transforme en différents produits commercialisables: sacs et étuis en tous genres, pavés de jardin, bancs de parc, etc. La collecte donne droit à des points qui peuvent être utilisés sous forme de cadeaux solidaires, en produits TerraCycle ou en un don financier au profit d’une association ou d’une école.
Au Canada, l’entreprise a mis en place le programme « Brigade des déchets de cigarettes ». A partir des mégots sont créées des palettes à usage industriel. Les paquets et les feuilles intérieures en aluminium sont également recyclés. Les parties organiques (reste de tabac et papier) sont compostés.3
Fondée en 2001 par Tom Szaky, alors âgé de 20 ans et étudiant en première année à l’Université de Princeton, cette entreprise dont le slogan est d’« oublier l’idée de déchets », a commencé par produire de l’engrais organique, en conditionnant de la crotte de vers de terre liquéfiée dans des bouteilles de soda usagées. Depuis, TerraCycle est présent dans plus de vingt pays, en Amérique et en Europe.
Les champignons qui digèrent le plastique
Les déchets plastiques sont une source majeure de pollution, en particulier dans les pays les moins avancés où la présence de sacs plastiques dans l’environnement est omniprésente. Ces déchets sont les plus difficiles à dégrader, et leur élimination naturelle peut prendre des dizaines d’années. La découverte d’un champignon capable de digérer le polyuréthane redonne de l’espoir par rapport à cette problématique, même si la technologie reste à développer.
Ce champignons amazonien, nommé Pestalotiopsis microspora, a été découvert par des étudiants de Yale, et fonctionne en milieu anaérobie, ce qui présente un grand intérêt car cette situation se présente dans les décharges3.
Pour Bernard Henrissat, directeur de recherche au CNRS, au laboratoire AFMB à l’université d’Aix-Marseille, interrogé par FranceInfo4, cette découverte est particulièrement intéressante. Il indique que le champignon peut digérer en particulier les poliuréthanes qui sont des molécules proches de ce qu’on peut trouver à l’état naturel, mais que d’autre plastiques comme les polyéthylènes sont plus neutres et donc plus difficiles à dégrader. Cette découverte devrait permettre d’orienter la composition des plastiques à l’avenir. Mais les ingénieurs ont encore beaucoup de travail à réaliser pour passer du stade des expérimentations en laboratoires à des méthodes utilisables à large échelle, selon le Dr. Ming Tien, un biochimiste de la Penn State University interrogé par CNN.5
Sources et informations complémentaires
2 De l’énergie par les déjections canines à San Francisco
4 France Info: le champignon mangeur de plastique
5 CNN: article sur Pestalotiopsis microspora
© villedurable.org
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