La Ville de Lausanne a démarré en janvier 2010 le Contrat de quartier de Montelly,1 une démarche de consultation des habitants pour développer des propositions d’amélioration du cadre de vie et pour renforcer le lien social. Après deux ans de phase-pilote, cette démarche a fait l’objet d’une évaluation par L’Observatoire Universitaire de la Ville et du Développement Durable (OUVDD), en vue de sa pérennisation.
Description
Dans le cadre de sa politique de développement durable et de son Agenda 21, la Ville de Lausanne a initié dès 2003 la démarche Quartiers 21, une large consultation des habitants sur l’avenir de leurs quartiers. Le contrat de quartier de Montelly est un des fruits de cette démarche. Il vise « un engagement de confiance entre l’Administration et les personnes qui habitent et/ou travaillent dans le quartier pour réfléchir et participer ensemble à l’amélioration de la qualité et du cadre de vie du quartier ». Concrètement, le Service du Logement et des Gérances (SLG) a mis en place un dispositif expérimental sur deux ans pour faire émerger des propositions pour le quartier. Du côté des habitants, ce dispositif s’est appuyé sur une Commission de quartier composée d’acteurs représentatifs des intérêts du quartier, ainsi que de groupes de travail chargés d’approfondir différentes thématiques (mobilité, espaces publics, solidarités et services de proximité). Des Conférences de consensus ont permis à tous les habitants intéressés de suivre et de valider les propositions. Du côté de l’administration, la démarche a été soutenue par une équipe de pilotage (en particuliers une cheffe de projet à 80%), avec l’appui d’experts externes ainsi que la participation, en fonction des besoins, des autres représentants de l’administration. La démarche a abouti à une « feuille de route », un ensemble de propositions à court ou plus long terme, validée par les habitants aussi bien que par les autorités. Au terme de la phase pilote de deux ans, la Municipalité a décidé de pérenniser la démarche dans d’autres quartiers, en particulier suite aux conclusions d’une étude d’évaluation de l’OUVDD. Celle-ci présente les détails de la démarche et l’analyse sous l’angle de l’opportunité, de la pertinence, de l’efficience et de l’efficacité.2
Opportunité: Etant donné l’investissement important consenti par les membres de la Commission de quartier et l’administration, le contrat de quartier est-il un outil opportun, à reproduire dans d’autres quartiers? L’évaluation montre que l’existence d’une demande clairement identifiée dans le quartier est une condition préalable favorable au succès d’une telle démarche. La présence d’institutions et d’associations locales prêtes à se mobiliser est également importante. Le contrat de quartier paraît particulièrement opportun dans le cadre du démarrage de projets de développement urbain particuliers: aménagement des espaces publics, nouveau plan de quartier, etc. Les habitants se mobilisent alors autour d’enjeux clairement identifiés, et les réponses apportées par le processus participatif permettent d’alimenter les réflexions du maître d’ouvrage dans le cadre d’un projet pour lequel un calendrier et des ressources sont prévues.
Pertinence: La notion de pertinence questionne l’adéquation entre les ressources mobilisées et les résultats obtenus. A Montelly, on peut remarquer que les ressources nécessaires à la démarche ont été importantes: deux ans de travail, 190’000 CHF par année. On peut cependant conclure que l’importance des ressources investies est conforme au fait qu’il s’agissait d’une phase pilote, nécessitant des démarches exploratoires et un accompagnement intense des acteurs impliqués. Cependant, cet investissement a permis de générer de précieuses compétences au sein de l’administration communale, qui peuvent être réinvesties dans d’autres démarches participatives, en particulier si les structures et personnes dédiées au projet sont reconduites. Des compétences spécifiques ont été développées chez les délégués du quartier, qui peuvent être mobilisées à plus long terme et de manière plus autonome. Cependant, la durée de deux ans ne semble pas pouvoir être réduite.
Efficience: La notion d’efficience questionne l’adéquation des démarches entreprises avec les résultats souhaités, et en particulier le fonctionnement des différentes structures institutionnelles. Parmi les éléments positifs à capitaliser, on peut mentionner la patiente prise de contact par la cheffe de projet Mme Ziegler avec les acteurs-clés du quartier, une phase délicate et cruciale pour créer la confiance entre le quartier et l’administration. Les événements dans le quartier (fête de quartier, safari urbain, atelier d’art urbain) ont été nécessaires pour faire connaître la démarche et susciter l’adhésion des habitants. Finalement, les séances de travail impliquant les représentants du quartier au sein de la Commission de quartier, ainsi que les représentants des services de l’administration (espaces publics, espaces verts, urbanisme, mobilité) ont permis de créer de nouvelles méthodes de travail et de gestion urbaine. Afin d’améliorer l’efficience, il importerait de clarifier les règles du jeu dès le départ, en particulier en ce qui concerne les attributions, pouvoirs et marges de manœuvre des habitants et des représentants de l’administration. Il est important aussi de lier la démarche de consultation aux autres agendas municipaux (projets, ressources disponibles, etc.)
Efficacité: L’efficacité questionne les résultats finaux de la démarche: qu’a-t-on obtenu au final? On peut relever les points suivants:
- Le projet a permis de renforcer les relations de confiance et de proximité entre l’administration et la population, mais cette confiance est conditionnée par la poursuite de la démarche et la concrétisation des engagements de la part de la Municipalité.
- Le projet a contribué à promouvoir des méthodes de travail plus efficaces au sein de l’administration, en particulier en nourrissant la réflexion sur les projets en cours.
- La démarche a permis le renforcement de la cohésion sociale au sein du quartier, notamment parce que la commission de quartier, en plus de relayer les demandes des habitants, constitue désormais une force de mobilisation et de propositions pour la vie du quartier.
- Finalement, et c’est le plus important, le contrat de quartier a amené des solutions intéressantes sous l’angle de la qualité du cadre de vie. En particulier, la réalisation du plantage de Florency répond à une volonté de revalorisation des espaces verts. D’autres propositions intéressantes peuvent être mentionnées comme la création d’une nouvelle liaison piétonne au cœur du quartier, de nombreuses propositions en matière de mobilité et d’aménagement des espaces publics, ou encore la création d’un point de vente hebdomadaire de paniers bio.
Sources et informations complémentaires
1 Page officielle du contrat de quartier de Montelly
Contrat de quartier à Bruxelles (B)
Contrat de quartier à Valenciennes (F)
© Jean-Philippe Dind – Villedurable.org
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