A l’occasion de la Coupe du Monde au Brésil, la revue Urbanisme s’intéresse à ces équipements imposants et singuliers que sont les grands stades. Au Brésil, où ils suscitent bien des oppositions, comme en France, où l’on s’interroge sur leurs coûts ou sur leurs usages, les stades font débat.
Rafael Soares Gonçalves met en évidence au Brésil « un modèle d’urbanisme évènementiel » et rend compte des conflits que les préparations du Mondial et des JO de 2016 cristallisent à Rio, notamment autour des favelas dont il est un spécialiste. Ce dossier permet également d’entendre des urbanistes brésiliens sur l’impact du Mondial dans les autres villes d’accueil : ils évoquent l’absence de consultation, les déplacements de personnes et la gentrification des zones urbaines concernées. Un géographe américain, Christopher Gaffney, spécialiste des stades sud-américains, rappelle l’histoire des stades au Brésil et pointe le risque d’« éléphants blancs ». Urbanisme met aussi en question la place que revêt l’organisation de ces méga-événements pour des « villes émergentes dominantes » (analyse des chercheurs québécois Sylvain Lefebvre et Romain Roult).
La France, un autre modèle ?
Le dossier s’intéresse aussi à la préparation de l’Euro 2016 de football organisé en France qui est l’occasion d’un renouvellement sans équivalent des principaux stades métropolitains, reposant sur des choix économiques, architecturaux et urbains. Tour d’horizon des enjeux et des chantiers, d’où il ressort que la privatisation attendue n’a pas eu lieu, avec des focus sur Lille et Bordeaux.
Le rugby attend, lui aussi, ses grands équipements : l’Arena Nanterre-La Défense, équipement multifonctionnel construit sur fonds privés, que Christian de Portzamparc, son architecte, présente comme un « geste urbain fort », et le grand stade de rugby, projet porté par la Férération française de rugby que le maire de Ris-Orangis défend malgré les incertitudes.
La question des publics
L’économiste du sport Pierre Chaix rappelle les risques financiers et l’intérêt de la multifonctionnalité. Nicolas Ledoux, consultant, revient sur la valeur urbaine des grands stades. Comment faire de ces équipements des lieux de vie sans poser la question de leurs publics ? Des sociologues et urbanistes proposent leur éclairage : Nicolas Hourcade, sociologue, rappelle que le stade est d’abord un lieu social, Ludovic Lestrelin, également sociologue, qu’il peut être un laboratoire de l’urbanité, et Jean-Michel Roux, urbaniste et enseignant, que bien choses se jouent dans la fabrication de son ambiance.
Jean-Pierre Augustin, géographe spécialiste des équipements de loisirs et de sport, livre enfin une approche critique des grands stades.
lEgalement au sommaire de ce numéro
– L’invité / Pierre Rosanvallon revient sur son itinéraire, sa production éditoriale et… ses villes préférées.
– Bruits de ville / Habitat III passe par Medellin
– Bruits de ville / La Biennale de Rem
– Bruits de ville / Bénédicte Madelin quitte Profession Banlieue
– Controverse / Stains recherche un équilibre entre densité bâtie et végétal
– Controverse / Paul Vermeylen réagit au dossier « Participation ou empowerment ? »
Et la rubrique Librairie
Parmi les nombreuses notes de lecture de ce numéro, Passion française de Gilles Kepel, lu par Thibault Tellier, Grand Paris de Frédéric Gilli, lu par Philippe Panerai, Les Villes au secours de l’Etat de Jean Haëntjens, lu par Jean-Pierre Schaefer, Réinventer la France de Jacques Lévy et Du village à la ville de Doug Saunders, lus par Jean Haëntjens, Les nouvelles territorialités du sport dans la ville, dirigé par Sylvain Lefebvre, Romain Roult et Jean-Pierre Augustin, lu par Régis Keerle…
La Chronique : L’Orient-Express passe Sarajevo par Jean-François Daoulas.
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