Un article de Patrimoine suisse

Tournant le dos à la rue et au chemin de fer, cet ensemble crée une frontière urbanistique claire entre le centre ville et les quartiers d’habitation entourés de verdure. Elle est complétée par deux immeubles de logements qui profitent de l’atmosphère tranquille de la cité-jardin. (Ensemble de bureaux/ logements, Hintere Bahnhof-strasse, photo © G. Bally/Keystone)
Patrimoine suisse décerne le Prix Wakker 2014 à la Ville d’Aarau. Le chef-lieu du canton d’Argovie reçoit cette récompense pour la mise en œuvre exemplaire d’une densification de qualité et au bon endroit – en préservant l’identité propre aux différents quartiers. La remise officielle du prix a eu lieu le 28 juin 2014 à l’occasion d’une manifestation publique.
Une large majorité des citoyens suisses se sont prononcés en 2013 en faveur de la révision de la loi sur l’aménagement du territoire. Des mesures s’imposent désormais pour une densification de qualité vers l’intérieur. C’est le seul moyen de prévenir le mitage du territoire. La Ville d’Aarau suit cette logique depuis de nombreuses années. Elle montre par l’exemple comment conjuguer la croissance avec la préservation et la gestion des quartiers urbains et des espaces verts.
Aarau dispose de nombreux quartiers aménagés avec soin et discernement et dont les qualités sont incomparables. Sa diversité urbaine – de la vieille ville dense au grand ensemble Telli en passant par les cités-jardins – contribue à sa qualité de vie élevée.
Pour maintenir et améliorer son attractivité, la Ville d’Aarau a accentué avec subtilité les caractéristiques de ses quartiers, dans une démarche exemplaire. Le concept de développement urbain élaboré il y a dix ans et les lignes directrices du développement spatial de 2013 assurent une vue d’ensemble. En découlent les potentiels de développement, les zones de conflits et les secteurs créateurs d’identité et à préserver.
Densification modérée et de qualité
En conséquence, des stratégies de densification différenciées ont été mises au point, qui distinguent clairement les zones en transformation et les quartiers résidentiels paisibles. Cela permet de ne pas se limiter à des mesures quantitatives, mais de définir également des mesures qualitatives pour le développement des quartiers et des sites. A cet égard, Aarau innove au niveau suisse.
Maintien de la diversité des caractéristiques des quartiers
Les zones artisanales et industrielles à proximité du centre sont restructurées en secteurs urbains voués à une forte densification.
Dans la partie sud de la ville au contraire, se trouvent des quartiers similaires aux cités-jardins, créés entre la fin du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle. Ces quartiers résidentiels baignés dans la verdure revêtent une importance nationale d’un point de vue urbanistique. Afin de préserver leur aspect, la Ville d’Aarau n’intervient pas seulement sur la forme des bâtiments, elle reconnaît également le rôle essentiel des clôtures, des plantations et des espaces routiers pour leur caractère. Depuis la fin 2012, des directives existent, qui garantissent la qualité des nouvelles constructions, des agrandissements et des aménagements extérieurs.
Si l’on se rend des cités-jardins faiblement construites à la vielle ville très compacte, on mesure la qualité urbanistique de ce dernier type d‘habitat à forte densité. En 2004, la vieille ville a été libérée du trafic de transit et a été mise en valeur avec soin. Une attention toute particulière a été apportée à l’unité de l‘aménagement des espaces extérieurs. Le «Stadtbach», canal tracé au Moyen-âge, a été intégré en tant qu’élément remarquable de la modération de la circulation en vieille ville. Le règlement de construction et d’affectation comprend en outre des règles claires pour la préservation des édifices. Toutes les transformations doivent faire l’objet d’une autorisation et sont soumises à une commission technique.
Les espaces libres sont des éléments importants de la ville, tels que la zone de détente le long de l’Aar ainsi que les parcs des quartiers d’habitation. Ces espaces verts ont été sciemment sauvegardés et revalorisés au cours de ces quinze dernières années.
Récemment, la Ville d’Aarau a démontré son fort engagement en faveur de la qualité urbanistique par la réalisation d’études, l’organisation de concours d’architecture, par son modèle urbain ou ses constants efforts pour sensibiliser les propriétaires privés à la problématique du patrimoine construit.
En décernant le Prix Wakker 2014 à la Ville d’Aarau, Patrimoine suisse salue en particulier ses stratégies de densification différenciées, en harmonie avec les caractéristiques propres aux différents quartiers. Des secteurs historiques et des espaces verts ont pu être sauvés ou revalorisés. Ils contribuent de manière décisive à la qualité de l’espace public.
Aujourd’hui, de grands projets de construction sont prévus dans les zones en transformation à proximité du centre. Le secteur «Torfeld-Süd» est promis par exemple à une refonte radicale et à un changement d’affectation. L’enjeu est de taille, il consiste à établir un lien avec l’histoire de cette zone dont seul un très petit nombre de bâtiments sera conservé. Patrimoine suisse encourage les autorités, les propriétaires et la population à veiller de près à l’aménagement extérieur et à la réalisation concrète de ces constructions.
Au sujet du Prix Wakker
Patrimoine suisse attribue chaque année le Prix Wakker à une commune politique. Doté de 20’000 francs, le prix a un impact surtout symbolique ; l’objectif est de mettre publiquement à l’honneur la qualité d’un travail exemplaire.Le Prix Wakker a été décerné pour la première fois en 1972 à la suite du legs fait à Patrimoine suisse par l’homme d’affaires genevois Henri-Louis Wakker. D’autres legs ont permis à Patrimoine suisse de décerner ce prix jusqu’à aujourd’hui.Le Prix Wakker distingue des communes qui peuvent se prévaloir de prestations de valeur particulière en matière de développement du site et de l’agglomération. Les communes de Stein am Rhein, Guarda, Ernen, etc. ont été récompensées dans les années 1970 du fait qu’à l’époque, la conservation des centres historiques n’allait pas de soi. Au coeur de l’attention figurent aujourd’hui des communes qui poursuivent le développement soigneux de leur agglomération selon des critères contemporains – en favorisant notamment la qualité architecturale des nouvelles constructions, en réservant un traitement respectueux à la substance bâtie historique et en se dotant d’un aménagement local actuel exemplaire.
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