Réaliser un diagnostic local partagé
Le diagnostic partagé vise à coconstruire une image du territoire concerné, et à identifier les effets potentiels du projet sur ce territoire. On parle d’un diagnostic SWOT – les initiales, en anglais, pour «forces, faiblesses, opportunités et risques». On peut distinguer deux grands types d’informations pour nourrir ce diagnostic : des données objectives (statistiques, cadre légal, analyse des équipements, des logements, du foncier, etc.) et des données subjectives, c’est-à-dire les représentations des usagers. Nous avons déjà évoqué la partie objective lors du montage du projet, et celle-ci peut être approfondie dans le diagnostic. On va s’intéresser ici à la partie subjective, qui donnera des informations essentielles sur le vécu des lieux par les usagers. Cette démarche s’adresse donc d’abord au niveau local et aux habitants, alors que la suivante (définition des besoins), prend aussi en considération les enjeux aux autres niveaux (communal, régional) et implique davantage les administrations et les propriétaires. Il s’agit par conséquent d’obtenir un éventail large des représentations, au travers d’une diversité de démarches. L’acceptabilité sociale du projet passera par une bonne prise en compte des représentations locales. De plus, le diagnostic est dit « partagé » parce qu’il donne lieu, au terme des différentes démarches, à un rendu auprès des acteurs qui y ont participé. Les actions suivantes peuvent être entreprises :
Les ateliers publics: les ateliers publics sont un outil privilégié pour faire ressortir les représentations des usagers. Le but est de faire émerger, dans le cadre de séances de travail en plénière ou en petits groupes, les forces et faiblesses du territoire par rapport à une thématique particulière, ainsi que les opportunités et les risques. On peut aborder des thématiques plus ou moins larges ou ciblées, mais il importe de savoir quelles informations sont nécessaires afin de poser au départ les bonnes questions. Les thématiques qui peuvent être abordées sont par exemple : l’aménagement des espaces publics, les équipements et les services de proximité, les logements, l’urbanisme, la mobilité, la vie du quartier, la sécurité, etc. Souvent, ces ateliers débouchent sur des propositions concrètes, ce qui montre que la séparation qu’on fait ici entre réalisation du diagnostic et identification des besoins (phase suivante) est surtout théorique et didactique. Une difficulté des ateliers est qu’ils drainent parfois un nombre important de « méfiants », et que les prises de parole sont souvent à visée conservatrice au détriment d’apports plus prospectifs. Il importe par conséquent d’entreprendre d’autres démarches pour réaliser un diagnostic plus représentatif des divers intérêts et opinions.
Les enquêtes : les enquêtes, sous la forme d’entretiens approfondis, permettent d’entrer en contact avec des acteurs peu présents dans les ateliers, mais qui peuvent amener une vision très utile, et éclairer d’autres aspects. Les commerçants ont en général une vision plus prospective du développement du quartier, les concierges sont informés des problématiques liées au fonctionnement des immeubles, les ados ont des demandes spécifiques, de même que les migrants qui en général s’expriment peu dans les assemblées publiques pour des questions de langue. D’autres groupes peuvent aussi être impliqués au travers des entretiens : les personnes âgées, les personnes à mobilité réduite, les parents d’élèves, etc.
Les concours d’idée : le diagnostic partagé peut être l’occasion d’activités ludiques et créatives : concours de photos, de dessins pour les enfants, concours de rédaction : mon quartier idéal, ma rue, etc…
Autres démarches : on peut aussi utiliser d’autres méthodes pour faire émerger les représentations des habitants : parcours commentés dans le quartier, safari urbain, commentaires d’images, micro-trottoir, cahier d’idées, boîte aux lettres, cartes mentales, etc. Ces démarches ont bien entendu pour but premier de nourrir le projet et d’offrir à la direction un portrait complet des représentations, mais elles permettent aussi de créer du lien social, de mobiliser les habitants et de renforcer l’identité locale.
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