Introduction : de la planification traditionnelle au projet urbain
La planification urbaine est traditionnellement le domaine des architectes et des urbanistes. Mais ce champ est en train de s’ouvrir à d’autres corps de métiers : géographes, politologues, sociologues, professionnels de la communication, au- tant de professions orientées d’abord vers les sciences de l’homme, et qui s’inscrivent aujourd’hui dans le champ des études urbaines, faisant valoir leurs compétences spécifiques dans le cadre de l’assistance à maîtrise d’ouvrage. C’est le signe d’un changement de paradigme de l’aménagement, qui de techniciste devient plus sensible aux enjeux de société.
Même si le rôle essentiel des ingénieurs et architectes n’est pas remis en cause, ce changement est le signe d’un certain essoufflement des outils traditionnels de l’aménagement. On se rend compte que les plans de zone ne suffisent pas à assurer une qualité suffisante aux projets, ni une souplesse d’adaptation à long terme. Les projets d’architecture qui se contentent d’une approche formelle et technique ne parviennent pas toujours à susciter l’approbation des usagers. Et les démarches non concertées qui ne sortent du cercle administratif qu’au moment de la mise à l’enquête rencontrent trop souvent des oppositions. Ceci parce que les projets négligent de prendre en compte les réalités locales de manière appropriée: oubli des craintes et attentes des résidents, manque de sensibilité au patrimoine bâti, naturel ou culturel, manque de communication et de participation à l’amont du projet. La planification classique peine également à gérer la complexité des enjeux actuels de l’aménagement urbain, complexité qui s’exprime à plusieurs niveaux :
Complexité territoriale : les projets d’aménagement sont souvent intercommunaux, voire intercantonaux ou internationaux, par exemple à Genève ou à Bâle. Les plans directeurs communaux et les plans d’affectation ne suffisent plus, il s’agit d’inventer d’autres outils stratégiques : projets d’agglomération, schémas directeurs régionaux, images directrices de quartiers, etc.
Complexité institutionnelle : de plus en plus d’acteurs sont partie prenante des projets : les divers secteurs des administrations, aux différents échelons, mais aussi les propriétaires, associations et habitants, qui de simple «administrés» deviennent par nécessité de véritables partenaires.
Complexité disciplinaire : l’architecte ne peut plus se contenter de prescrire la forme qui convient à une fonction prévue. Dans une société plurielle, les pratiques de l’habitat sont évolutives, et des enjeux de société se superposent aux enjeux d’aménagement. La nécessité se fait jour d’aborder simultanément les questions de développement urbain et d’intégration sociale, d’esthétique et de convivialité, de rentabilité et de protection de l’environnement. Les compétences des sociologues, des politologues et des environnementalistes sont alors nécessaires pour définir un véritable projet éco-socio-spatial. D’où l’émergence des projets d’écoquartiers.
Complexité procédurale : on se rend compte que la planification ne peut plus être linéaire (avant-projet – mise à l’enquête – réalisation), mais doit devenir itérative. Aux différentes étapes, les acteurs doivent se concerter pour aboutir à un résultat acceptable pour tous. Cela implique d’inventer de nouveaux espaces de négociation, de nouveaux outils de planification, de nouveaux modes de communication. Les démarches participatives qui s’adressent aux citoyens s’inscrivent dans cette logique.
This page has the following sub pages.
- Organisation du projet
- Organigramme
- Qu’est-ce qu’un projet urbain ?
- Enjeux des projets urbains dans les secteurs déjà bâtis
- Questions préliminaires pour la conception d’un projet urbain
- Présentation systémique
- Les ressources stratégiques du projet urbain
- Les ressources opérationnelles du projet urbain
- Les ressources locales du projet urbain
- Les acteurs du projet urbain et leurs motivations
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