Le ministère français du développement durable a publié en novembre 2011 une étude sur les modalités de gestion de l’eau dans les projets d’écoquartiers présentés dans le cadre de l’appel à projets de 2009. Synthèse.
Description
Les ressources en eau sont réparties inéquitablement. L’eau manque à beaucoup alors que d’autres doivent faire face à des inondations récurrentes. Selon l’ONU, 1 milliard de personnes n’auraient pas accès à l’eau potable, et 30% de la population mondiale serait en situation de stress hydrique, ce qui en fait un enjeu international majeur. Dans les pays occidentaux aussi la problématique est importante à plusieurs titres: pollution par l’agriculture et les rejets civils et industriels, sécheresses récurrentes, augmentation de la demande, risques d’inondation accrus suite aux changements climatiques. L’urbanisation, qui a des conséquences en termes de consommation, d’imperméabilisation des sols et de pollution des eaux de surface, est un des leviers par lesquels améliorer la gestion de cette ressource précieuse. Les projets d’écoquartiers sont une opportunité pour développer une approche locale intégrée, en complément d’une approche plus larges au niveau des bassins versants. L’étude du rapport du ministère du développement durable, qui analyse 14 projets d’écoquartiers, synthétise les diverses pistes d’action.
Les actions en faveur d’une meilleure gestion de l’eau dans les projets d’écoquartiers
Les actions pour une meilleure gestion de l’eau concernent différents aspects: la réduction de la consommation en eau potable, notamment par la récupération des eaux de pluie; l’agrément du cadre de vie par la création de fontaines et de plans d’eau; le renforcement de la biodiversité urbaine par la diversité des écosystèmes; la mitigation des risques d’assèchement, de pollution et d’inondation, notamment en favorisant une infiltration locale des eaux de pluie. Ces actions ne peuvent être mises en œuvre qu’en partenariat avec l’ensemble des acteurs impliqués: habitants, responsables techniques et administratifs du projet d’écoquartier, représentants de l’économie et associations.
Les solutions techniques de gestion des eaux de surface
Les mesures techniques s’appliquent toujours à un contexte climatique et topographique particulier qui nécessite de réaliser des études préalables, en vue de déceler les caractéristiques des écoulements, la sensibilité des sites à la pollution, les capacités d’absorption, etc. En général, la limitation des rejets passe aussi bien par des mesures touchant au domaine privé qu’au domaine public. Un des objectifs prioritaires est la capacité du site à absorber la crue centennale.
Mesures au niveau des constructions: en général sont mises en place des mesures de rétention à l’échelle des bâtiments (toitures végétalisées en particulier), ou bien au niveau de la parcelle ou de l’îlot (puisard, noue, tranchée drainante, matériaux poreux..). Cependant l’efficacité quantitative de ces mesures est difficile à évaluer. D’autres mesures sont prises au niveau des espaces publics: selon les environnements, on distingue des mesures de régulation des débits et des mesures de stockage. Dans tous les cas, la multifonctionnalité de ces structures est mise en avant (fonctions hydriques, paysage et biodiversité, pratiques sociales).
Pour la rétention, on observe trois concepts: le bassin d’agrément, à vocation paysagère et sociale; le jardin ou parc inondable qui reste sec en dehors des épisodes de crue; la rétention dans des substrats qui servent à alimenter les végétaux (dans ce cas l’eau n’est pas visible). Cette dernière solution permet la plantation de végétaux autonomes en eau.
Pour la régulation des écoulements, les solutions sont plus techniques et plus urbaines. On peut citer notamment les systèmes suivants: canaux; cour urbaine avec noue; place encaissée permettant une submersion occasionnelle. L’idée principale est de définir un cheminement hydraulique et une rétention temporaire dans des dépressions afin de tamponner les eaux pluviales. Il est à relever que certains projets permettent de séparer les eaux de pluies « claires » des eaux de pluie « chargées » ou polluées, qui viennent du lessivage des voiries.
Parmi les autres mesures techniques intéressantes, on peut citer le traitement des eaux grises par lagunage dans un parc forestier, ou encore les bassins de phyto-épuration qui permettent de digérer les matières organiques. De côté de la récupération des eaux de pluie, nombreux sont les projets qui permettent le stockage en vue d’assurer l’irrigation des jardins, l’alimentation des bassins d’agrément ou le nettoyage des voiries.
Les approches paysagères et écologiques
Les différents projets sont l’occasion d’une mise en scène de l’élément liquide, sous la forme de bassins paysagers, noues plantées, toitures végétalisées, fontaines, cours d’eau, qui permettent d’agrémenter les espaces collectifs en offrant une contrepartie verte et bleue à des constructions souvent denses. Certains projets utilisent d’anciens reliefs urbains comme structures hydriques et paysagère, servant aussi de réserve de biodiversité: anciennes fosses d’usines, cales portuaires, etc. Sous l’angle de la biodiversité, les différentes structures mises en place pour une meilleure gestion de l’eau sont autant de supports diversifiés pour renforcer la biodiversité. Ces nouveaux milieux bénéficient d’une mise en réseau au travers d’une trame verte et bleue qui assure la diffusion et la mobilité des différentes espèces, répondant ainsi à la fragmentation que cause l’urbanisation en général. Il peut être intéressant de réaliser périodiquement une évaluation de cette biodiversité, à l’exemple de ce que réalise la communauté urbaine de Lille au travers de son Indice relatif de biodiversité (IRB).
Approches sociétales et gouvernance
La présence d’eau et l’aménagement des espaces publics qui l’accompagne encourage les pratiques sociales de ces espaces. Cela implique de prévoir certaines mesures de sécurité liées aux risques de noyade, par exemple par des panneaux interdisant la baignade ou par la pause de barrières. Par ailleurs les démarches d’information et de sensibilisation relatives à la gestion de l’eau sont souhaitables pour associer la population aux différentes mesures.
Les projets qui présentent la meilleure qualité sont ceux qui ont vu associés dès le départ les architectes, les urbanistes, les paysagistes et les hydrologues. De cette manière, on débouche sur des espaces véritablement multifonctionnels et pas uniquement sur des réseaux techniques de drainage. Ces espaces doivent faire l’objet d’un entretien différenciée des espaces verts, pour laquelle il est nécessaire de former les professionnels.
Sources et informations complémentaires
1 Rapport complet au format pdf
© Villedurable.org
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