Un article de Sophie Buhnik sur metropolitiques.eu

Rue autrefois commerçante à Fukuchiyama (Japon) © Sophie Buhnik, 2013
Confronté à un phénomène de déclin urbain généralisé, le Japon a mis en œuvre des politiques visant à promouvoir la « ville compacte ». Quinze ans après le lancement de cette stratégie de recentralisation urbaine, ses soubassements politiques néolibéraux et ses effets mitigés sur l’accès aux ressources urbaines d’une population très vieillissante sont aujourd’hui soumis à débat.
« Dans une situation de baisse démographique, la maximisation des fonctions urbaines est devenue une priorité cruciale. La ville compacte en est le mot-clé ». Cet extrait d’un article du Mainichi shimbun (édition du 12 novembre 2016) illustre le succès de la notion de ville compacte dans le Japon contemporain, dont la population pourrait passer de 127 millions à moins de 100 millions d’habitants entre 2015 et 2050. La distribution spatiale de ce déclin démographique est très inégale : s’il est prévu que la région de Tokyo reste stable grâce à des soldes migratoires positifs, tout le reste du Japon serait touché, notamment les régions périphériques qui pourraient perdre la moitié de leurs habitants. Deux tiers des 1 727 municipalités japonaises ont affiché un déficit démographique supérieur à 5 % entre 2010 et 2015, et celles-ci ont presque toutes annoncé, via les médias nationaux ou des journaux locaux, vouloir réorganiser leurs plans d’urbanisme autour de la notion de compacité urbaine, avec l’aval du gouvernement libéral-démocrate de Abe Shinzō (au pouvoir depuis 2012). Ce dernier est déterminé à mettre en œuvre des mesures favorables à la concentration des projets de revitalisation des régions en déclin dans des « noyaux urbains » désignés sur ordonnance municipale (Komine 2015). La réforme de la Loi sur les collectivités locales, en 2014, a affirmé l’importance de sélectionner (sentaku) les zones de concentration (shūchū) d’équipements publics adaptés à une population vieillissante : dans les municipalités en déclin, la part des résidents de plus de 60 ans excède souvent 30 %. Le gouvernement Abe ferait ainsi de la konpakuto shiti (« ville compacte ») le volet spatial des réformes structurelles grâce auxquelles il entend relancer l’économie japonaise.
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